Les 30 années suivantes

Les 50 ans du Cercle

Note de Jean-Marie Vetter, vice-Président du Cercle européen – octobre 2012

Reprenant, trente ans plus tard, les archives du Cercle européen à l’occasion du 50ème anniversaire de notre maison, il apparaît que bien peu de ceux qui ont constitué alors le comité de direction sont encore parmi nous. Mais au fil des documents consultés, on se rend compte que le Cercle, malgré les années, n’a pas varié dans ces objectifs et dans ses moyens au service de l’idée européenne de Strasbourg. Tout au plus son horizon s’est-il élargi depuis que peu à peu l’oubli du cataclysme de la deuxième guerre mondiale estompe les raisons qui ont fait choisir Strasbourg comme capitale européenne.

Calquant notre démarche sur celle de Guillaume Labadens, alors vice-Président du Cercle, dans son historique du 20ème anniversaire de notre association, nous reprendrons la chronique des hommes et des faits qui ont marqué les trente années suivantes.
L’usage établi depuis les origines de confier la présidence à un ambassadeur, représentant permanent auprès du Conseil de l’Europe, étranger presque toujours à la France, a été respecté. Notre président d’alors, Joannis Gregoriadis, préside encore aux commémorations du vingtième anniversaire de notre association, juste avant de nous quitter pour représenter la Grèce, son pays, à Moscou. Lui succède le représentant permanent de la république italienne, Marco Pisa, membre très actif du Cercle depuis longtemps. Sa personnalité sympathique lui vaut l’amitié de tous. Il nous quitte malheureusement au bout de trois mois seulement, remplacé par René Doise, Représentant permanent de la France, première entorse à ce jour à la règle d’un président « européen étranger ». Sa forte personnalité présidera jusqu’à la fin des années 1984, date à laquelle lui succède Paolo Antici, sous l’autorité duquel le disciple actif de Marie-Odile Pflimlin, Marguerite Rudloff est nommée Présidente des activités. Son objectif sera de privilégier le caractère européen des conférences données au Cercle afin de « rendre plus proche à ses membres, des hommes qui veulent faire de l’Europe et s’immiscent donc par leurs actes dans la vie de chacun ».

Le Représentant du Luxembourg, Paul Faber reprend la barre pour trois ans, en 1989. Nous gardons de lui le souvenir d’un homme engagé aux valeurs de l’Europe, attentif au rayonnement du Cercle européen.

Les années se suivent, mutations et retraites nous font régulièrement regretter le départ de nos Présidents successifs. Yves Moret nous quitte en décembre 1994. Il faut noter que grâce à se ferme gentillesse et à sa patience suisse, la quasi-totalité des ambassadeurs sont membres du Cercle. En janvier 1995, Horst Schirmer (Allemagne) lui succède et l’équipe des strasbourgeois du Comité se renouvelle. Albert Mursch est désormais trésorier, Didier Bollecker assume à la demande de Marguerite Rudloff le secrétariat général. Guillermo Kirkpatrick (Espagne) assure alors à partir de l’assemblée générale de 1998 la direction du Cercle. Jusqu’en 2002, il veille à la continuité des missions de notre maison. Puis se succéderont trois personnalités de premier plan qui s’investissent particulièrement dans la gestion de la maison : Jean-Claude Joseph (Suisse) puis Bruno Gain (France) puis Ronald Mayer (Luxembourg). Ils sont tous les trois encore proches de nous par la mémoire et par l’amitié. Qui ne se souvient pas de la fermeté de Jean-Claude Joseph, de l’autorité constamment bienveillante de Bruno Gain et de l’efficace droiture de Ronald Mayer. C’est sous leur autorité successive que notre maison va connaître d’importantes modifications dont nos membres ne se sont peut-être pas toujours rendu compte mais qui ont permis de donner à ces lieux le caractère accueillant et fonctionnel que nous lui connaissons. Tout d’abord, le départ à la fin de l’année 1999, à la retraite, de notre maître de maison M. Schaal, nous oblige à modifier le fonctionnement de nos prestations. Il paraît impossible d’assurer en interne la gestion du personnel de maison. C’est pourquoi, sous l’impulsion d’Albert Mursch, de Gérard Bernheim et de Pierre Polak, il est décidé de confier, par convention, à la société Sodexho Prestige, la fourniture des prestations alimentaires et la gestion du personnel nécessaire. Cette convention, après cinq ans de bon fonctionnement et le départ à l’amiable de la société Sodexho voit ce même contrat confié, depuis, à la société Effervescence, à la satisfaction de chacun.

Une maison de maître, comme celle du 1, rue Massenet, nécessite un entretient constant. Les deux dernières décennies, grâce à l’action d’un sous-comité ont vu la rénovation complète des cuisines lui donnant le caractère professionnel qu’elles nécessitent, la réfection ensuite (qui se poursuit encore) des sols et des murs des salons et du hall d’entrée, la mise aux normes des sanitaires et mille travaux allant de l’entretien du mobilier à la réfection des volets roulants dont la liste serait très fastidieuse mais dont le soucis et le suivi mobilisent fortement les bénévoles qui s’y attellent. La vie matérielle est ainsi assurée pour le plus grand confort et la plus grande satisfaction de nos membres. De même, quelques légères modifications de nos statuts ont permis d’améliorer notre fonctionnement, en particulier la possibilité offerte à des personnes morales d’être membres de notre Cercle et de profiter, sous la condition expresse que leurs objectifs soient compatibles et parallèles aux nôtres, de bénéficier des prestations de la maison et de contribuer ainsi à sa vie matérielle.

Le plus important cependant reste l’adéquation de la vie du Cercle à ses objectifs initiaux. Sous la férule de la très regrettée Marguerite Rudloff, qui succède, avec la même autorité, à Marie-Odile Pflimlin, la commission des activités s’attache à assurer la promotion de Strasbourg en Europe et de l’Europe à Strasbourg, proposant au Comité, pour ce faire, de nombreuses activités diverses, satisfaisant à nos objectifs :

Des conférences, tout d’abord et avant tout, faisant appel à des personnalités européennes de passage à Strasbourg, traitant de l’Europe et du monde. Sans pouvoir entrer dans les détails, énumérons-en rapidement les thèmes :

  • Les compétences du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’Homme,
  • L’anticipation de la construction européenne avec es questions posées par l’ouverture à l’Est lors de l’effondrement du rideau de fer,
  • Les problèmes de sécurité, posés par la mobilité des personnes, liés au Traité de Maastricht,
  • L’étude des autres institutions européennes,
  • Et de façon plus générale les conférences traitant de problèmes de société ou de questions scientifiques, de la vie culturelle et de la vie internationale.
  • des voyages ensuite, au départ communs à l’amicale du Conseil de l’Europe et au Cercle européen, sous la direction de Giuseppe Guarneri, dont vous trouverez plus loin le détail. Le thème en est toujours européen, le but aussi, et quand nous partons dans des contrées plus lointaines, c’est toujours dans l’optique du lien entre nos destinations et le regard porté sur l’Europe. Ces voyages ont également pour objectif de renforcer la solidarité et l’amitié entre nos membres, de la même façon que les promenades dans les Vosges sous la conduite de Stanley Hunt, créent des liens aujourd’hui encore solides entre les participants.

Le secrétariat général assuré pendant de longues années par Didier Bollecker, après Léon Becker, voit Jean-Marie Vetter prendre le relais à l’automne 2003 avant que ce dernier ne passe la plume, récemment, à Nicolas Sansonetis.

Il serait fastidieux de reprendre point à point les comptes-rendus des comités qui se réunissent régulièrement chaque mois pour conduire la vie de notre maison, ou ceux des assemblés générales qui se succèdent annuellement. Sans entrer dans les détails, il est réconfortant de constater que, bien que nous ayons à déplorer le départ de certains de nos membres chaque année, par mutation, par retraite, par l’âge ou par maladie, nos effectifs restent remarquablement constants. Le parrainage actif de nos membres nous permet de recruter ceux qui adhèrent à l’esprit et aux ojectifs de notre Cercle.

Eve Marine Bollecker et Christina Kruger prennent l’initiative de la création d’un groupe de jeunes, fort, aujourd’hui, d’une quinzaine de membres qui prendront un jour le relais de leurs ainés.

Le départ en 2004 de Marguerite Rudloff voit la suppression de la commission d’activités dont les compétences sont dorénavant assumées par le Président et son Comité. L’année voit également la fin des rapports circonstanciés dont Marguerite Rudloff faisait lecture à l’assemblé générale. Il est cependant une chose admirable, que notre Cercle, malgré, et c’est normal, le constant renouvellement de ses membres, prenne régulièrement la relève des partants, reste constamment, depuis sa création, fidèle à ses objectifs, mettant en œuvre, pour les atteindre, les moyens qui, dès les premiers jours, ont fait preuves.

Pour le premier lustre, les changements sont à peine perceptibles tant le Comité s’attache à faire perdurer l’esprit du Cercle, voulu par ses fondateurs. En récompense pour le comité, la capacité maximale d’accueil de nos salons est souvent atteinte. Pour ne reprendre que les thèmes principaux abordés lors de nos diners-débats, citons parmi beaucoup, quelques personnalités qui ont bien voulu nous faire bénéficier de leur expérience.

Valérie Giscard d’Estaing, nous a honoré de sa présence ;
Philippe Richert, Président de Région et Ministre nous a entretenu de l’Europe des régions ;
Roland Ries, Sénateur-Maire de Strasbourg, après des prédécesseurs,
Catherine Trautmann et Fabienne Keller, du rôle de leur ville en Europe ;
Catherine Lalumière, ancienne Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe des relations entre la Turquie et l’Europe ;
Daniel Hoeffel, ancien Ministre ;
Alain Lamassoure, ancien Ministre ;
François Loos, ancien Ministre ;
Michel Roccard, ancien Premier Ministre ;
Michel Barnier, commissaire européen ;
Vivianne Reding vice-Présidente de la Commission européenne ;
Joseph Daul, Président du Groupe PPE au Parlement européen ;
Philippe Boilat, Directeur Général au Conseil de l’Europe ;
Jean-Paul Costa, alors Président de la Cour européenne des droits de l’Homme…

nous n’avons cités que ceux qui sont restés dans notre mémoire immédiate. Notre Président sortant évoque, plus loin, d’autres personnalités de premier plan qui sont venues, à la demande du comité, nous faire l’honneur d’animer nos débats, et la liste est loin d’être exhaustive.
Ambassadeurs et Consuls Généraux ont bien voulu nous dévoiler le regard de leur pays sur l’Europe : dont Jean-Claude Joseph, celui de la Suisse et Konstantin Klimatovski, de la Russie ; sans oublier celui de la Chine et celui du Japon.

Rappelons également les déjeuners aux thèmes plus spécialisés faisant appel, le plus souvent à des conférenciers locaux, qui attirent aussi, entre douze et quatorze heure, de nombreux auditeurs. Par exemple notre vice-Président Didier Bollecker, Président de l’Automobile Club de France, puis Christian Gérondeau, Monsieur sécurité routière, ont traité des problèmes liés à l’automobile en Europe ; les Professeurs Jacques Marescaux, Gilbert Massard, Jeaen-Marie Vetter, respectivement de la chirurgie non invasive, de la coopération chirurgicale franco-russe, de la biologie et de l’éthique des cellules souche, mais aussi Israël Nisan, de la procréation, et Jean-Louis Mandel du génome humain.

Toutes les Facultés ont contribué en plus de la médecine : Jean-Claude Gall pour la paléontologie et François Bilger pour l’économie. Alain Beretz, Président de l’Université Louis Pasteur, de Strasbourg vue comme laboratoire européen. Mais citons également la poétesse Sylvie Reff, Julie Carpentier sur l’art en Europe ou Eric Pesenti sur le nouveau cinéma européen, Jean-Louis Hoerlé, Président de la Chambre de Commerce ou Léon Becker sur l’histoire de la deuxième guerre. Nous devons les splendides images de l’art en Europe qui décorent nos murs, commentées par David Mardell, responsable de la Culture au Conseil de l’Europe, à l’intervention d’Edith Vetter auprès de Madame Battaïni, actuelle Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l’Europe.

Et puis encore des activités plus ludiques : Jean-Paul Costa, alors Président de la Cour européenne des Droits de l’Homme, et actuellement Président de l’association du Cinéma Odyssée, nous a proposé des séances de films subventionnés par l’Europe. Notre actuel Secrétaire Général adjoint, Eric Dupeyron, alors Directeur de la communication de Peugeot nous a invités à visiter le site industriel de Mulhouse. Jean-Marie Vetter a réuni une de nombreuses personnes autour de l’exposition « l’Europe des Esprits accompagné d’un déjeuner au Cercle. Edith Krieg a organisé plusieurs visites d’expositions sur des thèmes culturels.

Enfin, nos fêtes traditionnelles d’été et de Noël nous réunissent pour le seul plaisir de la convivialité et de l’amitié, comme la fête des rois est l’occasion de la présentation officielle de nos nouveaux membres. Il est réconfortant de constater que leur nombre, d’une bonne quinzaine habituellement, équilibre celui de ceux que nous avons la tristesse de perdre.

Parlons aussi de nos murs et de notre table. Nous constatons tous l’embellissement général de la maison grâce à l’action persévérante d’Edith Vetter auprès des services municipaux, au soutien éclairé de notre Maire, à l’intercession de Christiane Ries, son épouse, dont les convictions européennes sont le meilleur garant de leur soutien aux valeurs que défend le Cercle européen de Strasbourg. Les précieux conseils d’Étienne Martin, Conservateur en Chef du Palais Rohan, sollicité par Anne Sforza, permettent de conserver à notre maison son authenticité de parfaite réplique du XVIIIème siècle français.

Quant à nos assiettes nous savons tous de combien nous sommes redevables à Danielle Foltzer pour son efficacité et son dévouement dans lequel elle a succédé à Monique Bilger.

L’état de nos finances admirablement gérées par notre Trésorier Thierry Conrad, nous permet de faire face à l’entretien de notre maison.
Sous la nouvelle présidence d’Anica Djamić, Représentante permanente de Conseil de l’Europe, d’environ 250 membres, le Cercle européen de Strasbourg peut affronter l’avenir avec sérénité. Bien que sa gestion puisse parfois paraître lourde à son comité, bien que parfois, surtout quand l’avenir européen de Strasbourg paraît incertain, ses membres désespèrent de son futur, nous ne doutons pas que la voie tracée par nos fondateurs ne nous permet d’assumer notre rôle avec toute l’efficacité qu’a démontré l’œuvre de nos prédécesseurs.

Jean-Marie Vetter
Professeur émérite à la Faculté de Médecine
Vice-Président du Cercle européen