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Les 50 ans du Cercle

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Lors de mon premier séjour à Strasbourg en 1971/1973, j’avais adhéré spontanément et sans délais au Cercle européen.

J’ai eu la chance de rencontrer les fondateurs de cette institution dont le feu Polys Modinos qui m’avait beaucoup plu pour son enthousiasme naturel et son souci de rapprocher les milieux internationaux de la ville et sa société civile et politique. À l’instar d’autres cités abritant des organisations politiques de coopération, qu’elles soient mondiales ou européennes, (New York, Genève, Vienne, Bruxelles…), il souhaitait que Strasbourg puisse également disposer d’un lieu de rencontre naturel entre certaine composantes de sa population résidente.

Cette idée se fortifie et se pérennise ; on ne peut que s’en réjouir. Lors de mon second passage à Strasbourg entre 1989 et 1994, et notamment au cours de ma présidence du Cercle, je me suis surtout efforcé auprès de mes collègues étrangers ambassadeurs auprès du Conseil de l’Europe, de les convaincre d’y adhérer. A la vérité, leur nombre était à l’époque encore limité, il fut, dès lors plus aisé de réussir à les attirer tous à un certain moment comme membres de l’association.

Je voudrais maintenant, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa création, formuler des vœux chaleureux qu’avec le développement prodigieux des institutions européennes ayant choisi Strasbourg comme site, ce lieu indispensable de rencontre que constitue le Cercle européen prospère et devienne en fait cet ajout nécessaire à « l’accomplissement de la mission européenne de cette ville ».

Yves R. Moret
Ancien Ambassadeur représentant permanent de la Suisse auprès du Conseil de l’Europe
Président du Cercle de janvier 1993 à décembre 1994

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La fondation, en 1949, du Conseil de l’Europe exactement à cet endroit historique, avait parallèlement consacré la mission européenne de la ville de Strasbourg. Cela a été ratifié en plus symboliquement par l’admission, peu d’années après la Deuxième Guerre Mondiale, de la République Fédérale d’Allemagne à l’organisation universellement reconnue dans le domaine des droits de l’Homme.

La citoyenneté de cette ville a, dès le début, pleinement appuyé cette idée et son chemin dans un avenir européen. Le résultat logique de cette position fut la fondation du Cercle comme forum approprié à la diffusion de la pensée européenne.

À l’époque des années 1993-97, quand j’étais Représentant permanent de mon pays auprès du Conseil de l’Europe, c’étaient des personnalités comme Pierre Pflimlin et Marguerite Rudloff qui étaient les protagonistes et les symboles de cette idée.

C’était, donc, pour moi, un honneur personnel et un défi politique d’être élu, en 1995, Président du Cercle. Pas conséquent, je me suis consacré, avec enthousiasme, au travail du Cercle, et je remercie très sincèrement les citoyens et citoyennes de la Ville de Strasbourg ainsi que le Région, qui collaboraient au sein du Cercle, de m’avoir appuyé.

Je félicite le Cercle européen des activités qu’il a déployées au cours des dernières 50années et lui souhaite tout succès à l’avenir.

Horst Schirmer
Ancien Ambassadeur représentant permanent de l’Allemagne auprès du Conseil de l’Europe
Président du Cercle européen de janvier 1995 à décembre 1997

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Strasbourg est historiquement riche. Longtemps membre du Saint-Empire, devenue française puis tiraillée entre la France et l’Allemagne, elle est depuis quelques décennies l’une des capitales de l’Europe en perpétuelle construction, géographiquement au centre du continent et symbole de la réconciliation franco-allemande. C’est, entre autres, pour ces raisons qu’elle fut choisie comme siège du Conseil de l’Europe puis du Parlement européen.

Cette situation particulière a notamment pour conséquence l’afflux de diplomates, de parlementaires et de fonctionnaires internationaux. C’est afin de faciliter l’intégration de toutes ces personnes, de leur faire connaître l’Alsace et les Alsaciens que Madame Pflimlin avait eu l’idée de créer le Cercle européen de Strasbourg. Depuis cinquante ans, les responsables successifs ont réussi à faire fructifier l’idée originale.

Entre conférences passionnantes, visites intéressantes et activités diverses, le succès du Cercle ne s’est jamais démenti. Les fidèles Strasbourgeois y concourent pour beaucoup et si la fréquentation des Internationaux est plus mesurée, il faut aussi y voir la perte d’influence de la langue française dans le milieu diplomatique.

Durant plus de cinq ans, j’ai eu le privilège de participer directement à la vie du Cercle et, avec ma femme, nous avons pu que nous en féliciter. Les liens d’amitié qui se sont créés en son sein restent parmi les plus vifs qu’il nous ait été donné de connaître au cours de toutes nos pérégrinations à travers le monde. Il ne fait guère de doute que le tempérament alsacien, un peu réservé au premier abord, mais d’une rare chaleur par la suite est déterminant pour nouer des liens de si grande qualité et particulièrement durables.

Au moment où le Cercle européen de Strasbourg fête ses cinquante premières années d’existence, je me dois de féliciter tous ceux qui ont contribué à sa naissance, à son développement et qui poursuivent leurs efforts en vue de sa constante amélioration. Leur dévouement mérite tous les éloges.
À ceux et à tous les membres du Cercle, je souhaite un très joyeux anniversaire !

Jean-Claude Joseph
Ancien Ambassadeur représentant permanent de la Suisse auprès du Conseil de l’Europe
Président du Cercle européen de mai 2002 à décembre 2007

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Dans un monde qui évolue et change à un rythme de plus en plus rapide, le Cercle est resté fidèle aux objectifs de ses fondateurs et à la philosophie originelle qui les sous-tend. Il a cependant su s’adapter au fil des décennies à la mutation de cet environnement. Au cours des années 2009 à 2012 où j’ai eu l’honneur et le plaisir de présider aux destinées du Cercle, nous avons dû faire face à deux réalités nouvelles : d’abord, le long mais inexorable recul de la francophonie. C’est particulièrement vrai dans l’enceinte du Conseil de l’Europe et dans d’autres organisations internationales à Strasbourg. Ceci rend plus difficile l’adhésion à un cercle de langue française.

Ensuite il y a eu l’omniprésence de l’information et de la communication virtuelles qui a tendance à prendre le pas sur les modes et structures de rencontres et d’échanges directs traditionnel, de mise jusqu’à présent. Dès mon entrée en fonction, nous avons vigoureusement réagi sur un double plan : nous avons d’abord apporté un souffle de jeunesse au Cercle en créant une section jeunes qui, bien qu’encore fragile, pourrait devenir un vivier de renouvellement. Nous avons ensuite élargi et réorienté le Cercle vers des strates de la communauté internationale jusqu’ici délaissées. Alors même qu’à ses débuts le Cercle était avant tout un lieu de rencontre entre Strasbourgeois et agents du Conseil de l’Europe, il s’est aujourd’hui d’avantage ouvert à d’autres horizons.

Il accueille des ambassadeurs, représentants permanents auprès du Conseil de l’Europe, des membres des représentations permanentes et surtout du corps consulaire, consuls de carrière et consuls honoraires. Cette offensive de charme vis-à-vis des représentants officiels des États accrédités à Strasbourg a consolidé le Cercle. L’assise du Cercle dans la société civile et dans la communauté internationale s’est donc notablement affermie.

Nos activités demeurent inchangées mais elles ont été mises en phase avec notre temps. Tel a notamment été le cas pour nos conférences traitant aujourd’hui quasi exclusivement de thèmes européens. Je peux affirmer, non sans satisfaction, que ces conférences ont connu un franc succès puisque nous avons eu la chance d’accueillir quelques orateurs prestigieux tels que Philippe Richert et Roland Ries, Catherine Lalumière et Daniel Tarchys (tous deux anciens Secrétaires généraux du Conseil de l’Europe), Alain Lamassoure (ancien Ministre des affaires européennes), Michel Rocard (ancien premier Ministre), Rachida Dati (ancien Garde des Sceaux), Viviane Reding (vice-Président de la Commission européenne) sans oublier les consuls généraux et autres personnalités de renom qui nous ont fait l’honneur d’animer un débat.

Nous avons aussi ces dernières années substantiellement amélioré les conditions matérielles de fonctionnement et le Cercle offre aujourd’hui des prestations culinaires de qualité en harmonie avec le prestige de la maison. Ceci à l’intention de tous ceux, nombreux, qui s’y retrouvent, en plus et en dehors du Cercle lui-même.

Tout ceci n’aurait cependant pas pu se faire sans le nouvel élan d’engagement de la mairie, propriétaire de l’immeuble. Mes remerciements vont à M. le Sénateur-Maire Roland Ries et à Mme Nawel Rafik, Adjointe au Maire, pour leur écoute et leur bienveillant soutien. Ma gratitude va également à Mme Christiane Ries pour l’intérêt concret qu’elle porte à nos manifestations.

Je suis très heureux que le Cercle ait organisé à deux reprises, dont dernièrement en 2010, une visite de ma ville natale et des institutions européennes installées à Luxembourg, ceci grâce à l’initiative de notre membre du comité de direction Giuseppe Guarneri, grand spécialiste de voyages culturels.

Les années de ma présidence ont été de bonnes années pour le Cercle. Fruit d’un considérable investissement humain, le succès a été au rendez-vous. Le Cercle reste solidement ancré dans la vie régionale et peut entrevoir l’avenir avec sérénité.

Je suis fier de ce que nous avons bâti en commun au Cercle sous ma présidence.

Ronald Mayer
Ambassadeur représentant permanent du Luxembourg auprès du Conseil de l’Europe
Président du Cercle de l’Europe
Président du Cercle de septembre
2009 à juin 2012

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Le Cercle européen a été créé en 1962. Un jour, je ne sais plus quand exactement j’ai rencontré Madame Pierre Pflimlin qui m’a proposé de devenir membre du Cercle et d’en assumer une des Vice-Présidences. Je me suis montré réticent ; Mes responsabilités publiques, professionnelles et privées suffisaient à mon bonheur.

Madame Pierre Pflimlin était une très forte personnalité du matriarcat politique alsacien qui de tout temps a joué un rôle important dans la vie de notre cité. Après bien des hésitations j’ai accepté la proposition de Madame Pierre Pflimlin sous la condition que ma fonction de vice-Président soit essentiellement représentative.

Le Cercle est défini dans ses statuts comme un lieu de rencontre entre strasbourgeois et des personnalités européennes soucieux de contribuer à la vocation européenne de Strasbourg.

C’est dans les salons de Cercle que j’ai rencontré un jour Pierre de Boisdeffre, Ambassadeur de France auprès du Conseil de l’Europe.
Les traditions protestantes et républicaines de ma famille étaient à l’opposé des traditions catholiques et traditionalistes de la famille de Pierre de Boisdeffre, petit-fils d’un général célèbre en son temps. Dès notre première rencontre nous avons sympathisé. Il préparait une conférence sur Malraux. Il m’a proposé de la présenter.

Pierre de Boisdeffre était fasciné par Alsace. Il avait fasciné par l’Alsace. Il avait été à Sciences Po élève d’André Siegfried que j’avais un jour reçu à ma table lors d’un rassemblement protestant. Au temps de sa jeunesse il avait fait un stage de formation à Strasbourg et s’y était fait des amis notamment Hans HAUG lequel était un de mes amis les plus chers.

Après 1968 Pierre de Boisdeffre quitta le monde des grands de ce monde pour se consacrer à l’essentiel : vivre sa vie – prendre le temps d’aimer et d’être aimé. Il s’en explique dans son remarquable livre de souvenirs : « Contre le Vent Majeur ». J’en possède un exemplaire chaleureusement dédicacé.

Au fil des années j’ai fait encore d’autres rencontres. Je n’en rappellerai que deux. La rencontre avec les représentants d’un pays ennemi devenu notre ami. La rencontre avec un lointain passé qui nous interpelle.

J’ai entretenu d’excellentes relations avec les Allemands qui fréquentait le Cercle, des hôtes sympathiques, cultivés et courtois. Ma première rencontre avec des Allemands avait lieu en mai 1940 ; je venais d’être mobilisé dans un bataillon de chasseurs alpins égarés dans la Charente Maritime. Les Allemands s’appelaient alors les boches. Les boches appelaient les Français les hases, les lièvres, référence à la rapidité de notre défaite.
Les Ambassadeurs allemands auprès du Conseil de l’Europe avaient pour habitude d’inviter les membres du Cercle du siège de l’Ambassade, la villa Voltaire, ainsi appelée parce que Voltaire l’avait, paraît-il, habité pendant un séjour à Strasbourg. Voltaire avait été un certain temps le compagnon du roi de Prusse Frédéric dit le Grand, auteur prolifique d’ouvrages en langue française ignorés dans l’histoire nationale de notre littérature. On doit à Voltaire une définition des Strasbourgeois qui mériterait d’être mieux connue : les citoyens amoureux de la liberté.

Sous la présidence de Monsieur Alfred WACKER, Président du Cercle et Ambassadeur de Suisse auprès du Conseil de l’Europe j’ai un jour fait une conférence sur l’histoire de Strasbourg.

Strasbourg a un riche passé de puissance et prestigieuse république urbaine, admirée par Machiavel et Érasme de Rotterdam, un peu oublié dans la mémoire collective depuis l’apparition des nations dans le fédéralisme européen et dans la mondialisation de l’économie ? Je n’ai pas de réponse. En attendant les strasbourgeois trouvent tout naturel d’être le siège d’institutions internationales et le siège d’Ambassades parmi lesquelles une Ambassade de France. Je ne saurais résumer en quelques lignes les deux mille ans d’histoire évoqués dans ma conférence que le Président Wacker a fait imprimer et diffuser.

Pendant de nombreuses années, de nombreuses personnalités ont conçu et organisé au Cercle de nombreuses manifestations. Je leur abandonne ma plume. 1962 a été une année important pour moi. Javais cinquante ans de moins. Dans cinquante ans, si Dieu le veut, le Cercle aura cent ans. De là où je serai, si je suis quelque part, j’aurai une pensée pour lui.

J.J.ROTHENBACH
Ancien vice-président du Cercle européen
Ancien Bâtonnier
Jean-Jacques Rothenbach nous a malheureusement quittés, cette année, peu de temps après de nous avoir remis ce texte.